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Daily Héros

Un blog de passionné pour des passionnés ^^

Mon Impression : De l'Autre Côté

Mon Impression : De l'Autre Côté

1968. La guerre du Vietnam est à son apogée. Deux jeunes hommes aux destins intrinsèquement liés découvrent l’horreur de la guerre. Au cœur de l’Alabama de Nixon, l’enrôlement du jeune Bill Everette vient couper court à tous ses rêves. Terrifié à l’idée de combattre dans un pays qu’il est incapable de trouver sur la carte, il ne désire qu’une seule chose : survivre.

Au nord du Vietnam, dans le delta du Fleuve Rouge, la famille de Vo Dai cultive les mêmes terres depuis plusieurs générations. Aussi, lorsque l’Armée Populaire appelle à la mobilisation, le jeune homme sait qu’il prend la bonne décision, pour lui, pour sa famille et pour son pays.

Il est un fait avéré, l’être humain, du moins celui de l’hémisphère nord, n’est, qu’en très rares occasions, pleinement satisfait. Il a toujours une petite occasion pour se plaindre, pour râler, pour trouver que quelque chose ne va pas. Et il se complaît dans son insatisfaction, un téléphone qui n’est pas assez récent, des vêtements déjà vieux de deux semaines et qui sont donc passé de mode, ou bien encore il fait trop froid en hiver ou trop chaud en été… Toutes les excuses sont bonnes. Et, dans sa petite bulle d’homme « riche » et soit disant « civilisé », il oubli ou du moins, et cela est peut-être pire, occulte ce qui se passe autour d’eux, des horreurs qui sont perpétrées, le plus souvent soi-disant pour « apporter la civilisation » aux opprimés. Mais où on final on a plus l’impression que d’aller taper sur plus faible dans des guerres où l’on a aucune raison de participer, est juste un bon moyen de se défouler et de montrer aux autres peuples « civilisés » que c’est nous qui avons la « plus grosse » !

J’en fais bien entendu parti, je l’avoue de façon consciente et coupable. Et il est toujours bon d’avoir un support, un média apte à nous mettre l’horreur devant le visage. Les comics, au même titre que le cinéma ou les romans, en font partie. Et ce one-shot de Jason Aaron et Cameron Stewart : « De l’Autre Côté » en est un merveilleux exemple. A la lecture de cette œuvre, on se met très vite à relativiser sur nos soucis, nos coups de gueule, qui très bizarrement deviennent ridicules, et retrouvent l’importance qu’ils méritent le plus souvent : insignifiant !

Mon Impression : De l'Autre Côté

De l’Autre Côté est la première œuvre de Jason Aaron, que l’on connaît par la suite sur des œuvres comme Scalped. Pour ses débuts il a décidé de mettre les projecteurs sur la guerre du Vietnam. Horreur parmi les horreurs, véritable boucherie de l’Histoire, on cherche encore à comprendre les réelles motivations des Etats-Unis pour avoir un tel acharnement. Plus de 7 millions de tonnes de bombes ont été larguées par les USA durant le conflit tout de même ! Plus du double que le total des alliés durant la Seconde Guerre Mondiale !

Mais Jason Aaron a eut la grande intelligence de ne pas aborder cette question, ni même de prendre partie un temps soit peu pour l’un ou l’autre. Il nous présente simplement ce que pouvait représenter cette guerre pour un soldat des camps. Et l’on retrouve déjà les traits qui vont caractériser Jason Aaron dans son travail d’écriture. Une forte propension à mettre l’accent sur les abandonnés du bonheur, les abonnés du sans espoir, et construisant ses récits en mêlant de façon très liées les destins de différents personnages, et toujours avec une attention particulière à être très pointu sur son thème.

Mon Impression : De l'Autre Côté

Nous suivons donc, d’un côté, les aventures de Bill Everette, jeune américain plein de rêve, qui les voit tous fouler du pied par l’armée qui l’enrôle pour partir au Vietnam. Dans un pays qu’il ne sait même pas situer, pour des raisons qu’il ne comprend pas. Il va dès lors sombrer dans la folie la plus totale, seule échappatoire que son cerveau terrorisé va trouver pour se protéger. Vision très rude des Marines de la part de Jason Aaron, où il nous montre de quelle façon les soldats étaient « conditionnés » pour obéir et puis c’est tout, et être utilisé comme de la chair à canon. Et on se rend compte qu’il fallait peut-être mieux pour ses hommes de périr sous les coups de feux ennemis que de rentrer au pays, quand l’on voit de quelle façon ils sont oubliés maintenant qu’ils ont été utilisés et complètement détruit psychiquement de par l’horreur qu’ils ont vécus. Car très souvent ces « soldats » américains étaient des jeunes, enrôlé de force, « formés » en quelques semaines et littéralement lâchés en enfer !

Face à Bill Everette pour représenter l’armée US, Jason Aaron lui « oppose » Vo Dai pour représenter le Vietnam. Et à l’inverse de notre Marine, Vo Dai s’est engagé de lui-même dans la guerre pour défendre l’idéal que représente son pays. Et s’il était déjà ahurissant de se dire que la chair à canon de l’armée US étaient des petits jeunes n’ayant jamais porté un fusil, là les troupes du Vietnam sont pour la plupart de simples paysans, mais porté par l’envie de défendre son mode de vie, sa famille, son pays. Et malgré les horreurs qu’il voit et les difficultés qu’il traverse, sa conviction ne faiblit jamais. Il est dingue de voir que l’entraînement de ces troupes « chair à canon » se faisait pendant qu’ils se déplaçaient dans la jungle pour rejoindre les zones de combat. Triste de voir à quel point ces anonymes, disparaissent et périssent sans que l’Histoire ne les retiennent, dans l’ignorance la plus absolue.

Mon Impression : De l'Autre Côté

Il est fort intéressant de voir nos deux personnages évoluer en parallèle. Aaron opposant la peur de mourir de Bill à la force de conviction de Vo Dai. Mais avançant tous les deux dans la même direction, traversant la même jungle effrayante et malveillante ou il ne pleut pas de l’eau mais des bombes, où dormir est un luxe qui peut couter la vie et où rester envie est un exploit de chaque jour, de chaque heure, de chaque minute. Une jungle, où comme bien souvent dans les œuvres de Jason Aaron, l’espoir est un mot oublié depuis fort, fort longtemps.

Je ne serais que recommander la lecture de ce bouquin. Certes il est très dur, très dérangeant pour notre esprit d’occidental bien pensant, car il nous met face à des horreurs sur lesquelles on a l’habitude de dire : « C’est seulement à la télé. » La guerre du Vietnam est finie, mais combien d’autres se déroulent encore alors que j’écris ces lignes, combien de soldats qui n’en ont que le nom et ayant votre âge tombent sous les balles ?

Ce qui fait la force de ce récit, ce sont les connaissances de son sujet par Aaron, il sait de quoi il parle, et cela nous est expliqué en introduction ou dans sa postface. Jason Aaron est concerné au niveau de sa famille par la guerre du Vietnam. C’est une guerre qu’il connaît, qui le touche, qui le passionne. Ce n’est pas un sujet qu’il nous balance comme ça, sans réflexion. De même, Cameron Stewart, s’est lui aussi imprégné du sujet en se rendant une dizaine de jour directement au Vietnam.

Mon Impression : De l'Autre Côté

Parlons justement des dessins, des dessins très durs, très agressifs, les blessures dues à la guerre nous sont envoyés en plein visage, renforçant un peu plus l’horreur de la guerre. La jungle est oppressante, les temples magnifiques, les personnages semblent harassés par le poids de la guerre, par l’horreur ambiante, par la peur de mourir. On sent, nous lecteurs le poids de cette atmosphère oppressante, on tremble à chaque buissons qui bougent, on est en alerte à chaque arbre.

Petit mot sur cette édition d’Urban, grand format, magnifique papier, superbes bonus avec notamment le rapport photo de Cameron Stewart lors de son séjour au Vietnam. Plus quelques croquis.

Bref, De l’Autre Côté, nous permet, l’espace d’un court instant, d’ouvrir les yeux, de réaliser que la guerre n’est pas seulement une chose vilaine que l’on voit à la télé. Certes notre monde à évoluer, soi disant, mais les horreurs ne sont pour autant pas terminés dans le monde, et non cela ne se passe pas qu’à la télé.

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